- 10 août
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Le métro de Stockholm, inauguré en 1950, est bien plus qu’un simple réseau de transport. Dès ses débuts, la ville a fait le choix ambitieux d’intégrer l’art et l’architecture dans ses stations, considérant ces espaces comme des prolongements de la vie urbaine et culturelle.
La construction du Tunnelbana s’est appuyée sur les particularités géologiques de la région, notamment le socle rocheux, permettant de sculpter directement les parois de nombreuses stations. Cela a donné naissance à des volumes organiques, bruts, souvent taillés dans la roche apparente.
Dans les années 1950-70, un programme public d’envergure a été lancé pour décorer les stations avec des œuvres d’artistes contemporains (peintures murales, sculptures, mosaïques). Ce projet unique au monde a transformé le métro en une véritable « plus longue galerie d’art souterraine », avec plus de 90 stations embellies.
Cette démarche traduit une volonté forte d’humaniser les espaces fonctionnels, de démocratiser l’accès à la culture et de faire du trajet quotidien une expérience esthétique. La diversité des styles artistiques et architecturaux reflète également les évolutions socioculturelles suédoises au fil des décennies.
Lors de mon dernier passage à Stockholm, j’ai eu le privilège d’explorer l’un des réseaux souterrains les plus singuliers au monde : le Tunnelbana. Ici, la frontière entre infrastructure de transport et espace culturel s’efface, laissant place à une expérience immersive où l’architecture dialogue avec l’art.
Chaque station devient un microcosme identitaire. Les voûtes brutes, parfois laissées à l’état de roche apparente, contrastent avec des interventions chromatiques audacieuses, des fresques monumentales et des installations sculpturales. L’architecture souterraine ne se limite pas à la fonction — elle raconte l’histoire d’un lieu, d’une époque, parfois même d’un combat social.
Ce qui m’interpelle particulièrement, c’est la manière dont la plasticité de l’espace est mise au service d’une narration. Les volumes, souvent irréguliers, sont révélés par la lumière artificielle, qui devient un véritable matériau de composition. L’absence d’ornement traditionnel est compensée par l’intégration directe de l’art dans la structure même : le béton, la pierre, l’acier et la couleur se mêlent pour produire une identité unique à chaque station.
En tant qu’architecte, je vois dans le métro de Stockholm une leçon de design contextuel et de valorisation des espaces utilitaires. Ce réseau souterrain nous rappelle qu’aucune typologie n’est trop banale pour être sublimée, et que le quotidien de milliers d’usagers peut être enrichi par un geste architectural et artistique assumé.
📸 J’ai réuni dans cet album mon regard sur ces stations, avec l’envie de montrer que l’urbanité se vit aussi sous terre : chechiachang.com/station